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 145-24 Accordéon Dans ce visage, il y a quelqu'un qui me ressemble de loin. Ne suis-je pas comme un musicien qui joue ses morceaux tous les jours, tout en variant à l'infini la mélodie et l'accompagnement ? Ne suis-je pas ce vieillard dont le visage se pétrifie au fil des années, engoncé dans un costume d'un autre temps ? Et ma main ? Elle qui tend à me trahir, qui invente ses propres parcours, qui veut vivre sa propre vie ? Heureusement, je la tiens en laisse, je l'oblige à m'obéir quand il le faut, à trouver les notes justes, sans faute. Combien de temps encore ?
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 141-24, 4 mai 24 La partie inférieure est un fragment d'El pelele (le pantin), de Goya. Mais ce dernier est devenu une grande jeune fille qui flotte dans l'air et dont le visage se confond avec un mur. En bas, deux fenêtres, en haut, une maison avec un groupe de personnes devant une cabane. La question que je me pose est la suivante : la jeune fille se tient-elle immobile dans l'air ? Est-ce qu'elle monte ou descend ? Il me semble qu'elle redescend. Elle quitte son village et elle est accueillie ailleurs, parmi d'autres jeunes filles, mais elle ne sait pas ce qui va lui arriver. Elle résonne avec mon histoire personnelle, même si elle n'a duré que 9 mois, de 1946 à 1947. Souvent, mes images sont comme des rêves. Les miens sont presque toujours des voyages en train ou en voiture, quelquefois des vols libres en suspension dans l'air. Et le pantin de 5 ans qu'on trimballe du Nord au Sud, de la ville (détruite) à la montagne, du giron de la famille d
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  140-24 4 mai 24 (28x36cm) Voici une image qui me laisse perplexe et que je tâcherai de décrypter. Où suis-je ? Nulle part. Je n'y suis pas. Je suis absent. Car je suis en lieu sûr. Pas dans ce réduit où se terrent des fantômes : un homme, des femmes et un enfant. Qui se trouve derrière le rideau ? Quelle menace? La terreur menace. Cette histoire s'est jouée il y a 80 ans et rejouée le 7 octobre. Elle me hante.
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 134-24, le 29 avril 2024 Comme souvent, l'image se fait d'abord d'un côté (droit), à partir d'une publicité des années 60. On dessine, on fait des plans sur une table. Ils sont trois. Puis, le besoin d'étendre cette image est impérieux : il faut un contrepoint, ici en gris, avec une scène empruntée au Greco, le Christ aux outrages, mais dont la signification est détournée, actualisée. La fusion des deux parties est difficile, mais il me semble qu'elle est réussie tout en les opposant : à droite une pièce fermée qui donne sur une rue montrant des couples qui dansent et conversent, à gauche un paysage gris qui s'étend jusqu'à l'horizon. A droite, trois personnages en gros plan dont deux portent des traces d'usure voire de déchirure. A gauche, le personnage du Christ porte un vague portrait d'Hitler à la place de sa propre tête, il bénit un bourreau. A sa gauche, un fragment de procession. Je vois bien le rapport avec la montée fulgura
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  132/24 28.4.24 Un souvenir C'est parti de l'image d'un réfectoire. J'ai immédiatement pensé à mon séjour de 6 mois à la montagne, dans le Kinderheim Hohes Licht, à Oberstorf, Bavière, en 1946. Souvenir douloureux parce qu'on m'y a forcé, chaque mercredi, à manger un plat que je vomissais ensuite aux toilettes. Comme tous les souvenirs, celui-ci s'est transformé dans mon collage. Tout d'abord, le cadre, l'âge et le sexe des jeunes attablés ne correspondent pas. Mais l'alignement, l'uniformité des filles me renvoient à mon souvenir. J'ai 5 ans, bientôt 6. Or la figure à laquelle je m'identifie est âgée : c'est donc moi aujourd'hui qui regarde en arrière. Et la grande figure au sexe indéterminée qui semble me tenir ? Est-ce mon père qui alliait des qualités paternelles et maternelles ou bien bien ma résilience ? Je l'ignore. Mais il me semble que je suis en paix avec ce souvenir, avec un regard de compassion sur le l