215-24 (28x38cm) Le jeune homme qui louche



Cette image bucolique représente pour moi une sorte de pièce de théâtre où chaque personnage joue son rôle prédéfini, sans espoir de changement, sans renouvellement. Sauf le jeune homme. On voit la campagne anglaise, un chasseur et une dame avec un bouquet de fleurs, son mari, l'enfant, un chien de chasse. Un tableau typiquement anglais du 19e s. Au premier plan un jeune personnage au sexe indistinct – la part masculine a le cerveau dans les arbres et un visage plein de rougeurs, l'autre moitié, féminine, teint impeccable nous regarde. Deux aspects de l'adolescence : de l'acné juvénile vs. la gloire de la jeunesse et l'éveil de la sexualité. Et, surtout, un parfait spécimen de la bourgeoisie. C'est par le regard interrogateur que j'arrive à m'y projeter – personnellement je n'ai jamais voulu me conformer à ce stéréotype et j'ai quitté ce milieu à 19 ans pour toujours. Sans regret !

Je me demande toutefois si tout ce qui précède n'est qu'une projection. L'image garde son mystère. On pourrait ainsi y voir un instantané avec un jeune homme un peu efféminé au premier plan qui nous regarde d'un œil pendant que l'autre divague. Est-ce une allusion à l'artiste qui a peint cet autoportrait et dont le nom de famille veut dire « louche »* ? A quoi pense cette moitié de visage qui ressemble à une palette de peintre ? Etc. etc. Tout tableau est une énigme, voire un rébus indéchiffrable et mon interprétation un peu simpliste peut-être.

*Egon Schiele

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