SUR LA COHERENCE La plupart des artistes montrent une cohérence stylistique qui permet de les reconnaître au premier coup d’œil. En ce qui concerne le collage figuratif, je parlerais d'incohérence parce que l'apparence de l’œuvre est dictée par les images trouvées et que l'art consiste à les assembler pour former un ensemble cohérent et qui reste souvent énigmatique. Alors comment reconnaître un de mes collages ? Peut-être par l'incohérence spatiale, temporelle, anatomique ou logique qui se retrouve dans ce que je fais. Et aussi par le fait de parler souvent de ce monde. A la réflexion, je m'aperçois que mes racines juives y jouent un rôle important dans le fait de me pencher sur le passé et d'être très sensible aux persécutions et à la soumission volontaire. Je me sens proche des artistes allemands - « dégénérés » ou expressionnistes d'avant le IIIe Reich et très éloigné du mainstream actuel. Quant à l'art digital, voire « collage digital », il relève, pour moi, de l'illustration et non du collage papier parce que le hasard y est quasiment absent, sans parler de injonctions écrites dans l'IA. Je constate par ailleurs que les thèmes favoris qu'on y retrouve sont le fantastique et le corps féminin plus ou moins dénudé, me faisant penser à l'art pompier et des couvertures de roman de gare. Pour clore ces réflexions, voici un collage récent qui va illustrer mon propos. Il est fait de morceaux provenant de divers magazines : un bout de méduse, un œuf et un héron, un bras bionique et , des jambes de bébé, un homme minuscule vêtu d'un lambeau d'armure, des lettres qui virevoltent et un fragment de paysage pierreux. Cette énumération de fait pas une œuvre cohérente et pourtant... les lettres font référence aux Écrits sacrés et à l'impossibilité de les connaître vraiment. D'ou le petit homme à qui j'ai donné quelques traits de juif orthodoxe. L’œuf et le serpent me renvoient au film de Bergman qui renvoie à Shakespeare : « And therefore think him as a serpent's egg/ Which hatch'd, would, as his kind grow mischievous ;/ And kill kill him in the shell. » qui traite de la montée du nazisme. Mais je reste sur ma faim et je me demande : comment tout cela se combine-t-il en un tout cohérent alors qu'il s'agit d'éléments disparates ? Question que je me pose tous les jours.
141-24, 4 mai 24 La partie inférieure est un fragment d'El pelele (le pantin), de Goya. Mais ce dernier est devenu une grande jeune fille qui flotte dans l'air et dont le visage se confond avec un mur. En bas, deux fenêtres, en haut, une maison avec un groupe de personnes devant une cabane. La question que je me pose est la suivante : la jeune fille se tient-elle immobile dans l'air ? Est-ce qu'elle monte ou descend ? Il me semble qu'elle redescend. Elle quitte son village et elle est accueillie ailleurs, parmi d'autres jeunes filles, mais elle ne sait pas ce qui va lui arriver. Elle résonne avec mon histoire personnelle, même si elle n'a duré que 9 mois, de 1946 à 1947. Souvent, mes images sont comme des rêves. Les miens sont presque toujours des voyages en train ou en voiture, quelquefois des vols libres en suspension dans l'air. Et le pantin de 5 ans qu'on trimballe du Nord au Sud, de la ville (détruite) à la montagne, du giron de la famille d...
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